Quels sont les polluants aériens les plus préoccupant pour la santé des enfants ?
Avant toute chose rappelons que la fumée de tabac demeure le premier polluant atmosphérique à l’intérieur de l’habitat. Concernant les polluants extérieurs, il s’agit, principalement des particules diesel des gaz d’échappement, mais aussi du NO2, du SO2 et de l’ozone. Les particules diesel des gaz d’échappement, le NO2, et le SO2 sont plutôt des polluants hivernaux, s’accumulant près du sol quand le couvert nuageux est bas et empêche les particules de s’échapper vers le haut. L’ozone est plutôt un polluant printano-estival lié à l’ensoleillement, car il se forme grâce au rayonnement solaire. Ces polluants n’ont pas tous le même impact physiopathologique.
Schématiquement les polluants aériens entrainent une inflammation des voies aériennes, qui, chez le sujet allergique, diminue le seuil de réactivité aux allergènes (comme les pollens)1,2,3. C’est le cas du tabac et de l’ozone. Soit ils entrainent des mécanismes dysimmunitaires conduisant à une sensibilisation vis-à-vis des allergènes de l’environnement. Il a ainsi été montré que les particules diesel favorisait la fabrication d’IgE de novo et pouvait conduire des personnes à la maladie allergique4. Cela explique que l’on observe d’avantage d’allergie aux pollens en ville qu’à la campagne, contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre.
Par ailleurs on reconnaît aujourd’hui que la pollution atmosphérique agit aussi en modifiant, non pas la structure des gènes, mais leur expression, mécanisme pouvant mener à l’asthme sur un terrain prédisposé. Il a été montré expérimentalement, qu’en présence de polluants, des gènes habituellement silencieux étaient amenés à s’exprimer5. Ces caractères acquis peuvent transmis à la descendance. Par exemple, un enfant parce que l’une de ses grands-mères a fumé pendant la grossesse ayant donné naissance à la mère, et ce , même si cette dernière ne fumait pas.
Connaît-on l’importance du retentissement de la pollution sur la santé des enfants ?
Le retentissement est essentiellement respiratoire.
Lors des pics de pollution on observe une recrudescence des crises d’asthme, de la consommation de bronchodilatateurs et des passages dans les services d’urgences6,7.
Mais aujourd’hui on reconnaît également que la pollution de fond (qui se distingue des pics définis au-delà des normes admises) a aussi un impact sur les voies respiratoires des enfants. La pollution de fond augmente le nombre de nouveau cas d’asthme. La proximité d’une voie à fort trafic routier augmentant la pollution de fond et lié au sur risque de survenue de ces nouveaux cas8,9. Cela a été observé plus particulièrement chez les jeunes enfants, voire in utéro, chez les enfants de mères très exposées pendant la grossesse10.
La pollution atmosphérique est désormais reconnue comme faisant partie des facteurs participant au déclenchement d’une crise d’asthme, elle s’ajoute aux facteurs déjà connus.
Dans quelle proportion les enfants des villes sont-ils touchés ?
On identifie bien le rôle de l’environnement dans les pays industrialisés. La prévalence de l’asthme y a été multipliée par 2 en 20 ans. Il semble y a avoir aujourd’hui une stagnation de cette augmentation dans les pays où la prévalence est haute, alors qu’elle continue d’augmenter dans les pays en voie de développement.
Mais cette augmentation n’est pas (du moins uniquement) dû à la pollution. L’asthme est une maladie plurifactorielle : présence de l’allergène, stress, terrain génétique, hygiène, infections, pollution atmosphérique. Il est très difficile de dire quelle est la part relative de chaque facteurs. On peut seulement dire que la combinaison de différents facteurs (diminution des infections, modification de l’alimentation, stress, pollution) aboutit à une augmentation globale du nombre d’allergie.
Vivre en ville favorise-t-il les allergies ?
Selon l’hypothèse hygiéniste, vivre à la campagne (au milieu d’animaux d’élevages divers et variés) protègeraient contre l’allergie. Cela serait en relation avec une diminution de stimulation du système immunitaire (en cause dans l’allergie) par des bactéries saprophytes émises par les animaux de ferme et non avec la pollution atmosphérique urbaine. Celle-ci accroit le risque d’asthme et d’allergies par des mécanismes qui lui sont propres.
Il ne faut pas pour autant oublier l’importance du rôle de la pollution intérieure. Le premier polluant à domicile c’est le tabac ; suivent ensuite les colles, de nombreux composés volatiles, le formaldéhyde, les acariens, les moisissures, les poils d’animaux.
Quels Conseils ?
Il faut recommander aux enfants asthmatiques de ne pas courir lors des pics de pollution. On comprend aisément qu’un effort produit dans une zone polluée augmente l’inhalation de particules polluantes. Le problème se pose d’autant plus l’été où se conjugue l’effort, pic de pollution et les allergènes comme les pollens.
Pour diminuer la pollution intérieure, on conseille de ventiler l’habitat en ouvrant les fenêtres au moins une demie heure par jour. Lorsque l’habitat est situé en zone polluée (moins de 250 mètres d’une voie à fort trafic, en particulier pour les étages inférieurs, on peut conseiller d’ouvrir du côté où il y a le moins de circulation, soit le matin très tôt ou le soir très tard et installer la chambre des enfants côté cour.
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