Comment reconnaître une crise d’asthme ?
Les premiers signes (prodromes)
Une crise d’asthme arrive rarement sans des signes d’alerte. Presque tous les asthmatiques ont des petits signes qui apparaissent avant le début de la crise d’asthme proprement dite. Ces signes d’alertes sont différents selon chaque asthmatique. Toutefois ils varient rarement chez une même personne.
Les petits signes qui annoncent une crise :
- Une toux
- Une difficulté à respirer
- La respiration qui s‘accélère
- Une fatigue
- Les yeux qui piquent, qui grattent ou qui coulent
- Le nez qui coule
- La gorge qui gratte, qui pique ou qui fait mal
- Des éternuements
- Un mal à la tête
- Un changement de comportement
- Un changement de couleur de la figure
- Des cercles noirs autour des yeux
- Une chute du Débit Exploratoire de Pointe
Ces petits signes sont importants à connaître et à reconnaître. Selon la gravité de l’asthme de l’enfant on pourra conseiller soit la prise du bronchodilatateur, soit la surveillance du débit de pointe, soit les deux. Bien sûr, ces signes peuvent ne pas être le point de départ d’une crise d’asthme. Mais chez certains enfants il est parfois préférable que le bronchodilatateur soit pris pour rien, ce qui est sans aucun danger, que de risquer qu’une crise d’asthme ne se développe.
Les signes de crise
Une crise d’asthme est parfois difficile à reconnaître car ses symptômes peuvent être confondus avec ceux d’autres maladies respiratoires. Les quatre signes qui doivent faire penser à l’asthme sont :
- la toux,
- l’essoufflement,
- les sifflements,
- l’oppression thoracique
Une crise d’asthme démarre plus ou moins rapidement. Après l’apparition des signes annonciateurs l’enfant ressent une oppression thoracique qu’il décrit en parlant de serrement ou de picotement dans la gorge. La difficulté respiratoire peut n’être « visible » que par la diminution de l’activité physique de l’enfant. Pendant la crise, la respiration est gênée par le spasme des bronches. On peut entendre un sifflement respiratoire. Ce sifflement correspond au passage de l’air dans des tuyaux (les bronches) resserrés. La gêne dure de quelques minutes à quelques heures et se transforme ensuite en une sorte de bronchite avec une toux grasse pendant quelques jours.
Le sifflement est le signe le plus connu. Toutefois l’absence de sifflement ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’asthme et inversement tout sifflement n’est pas synonyme d’asthme. Pour arriver à un diagnostic sûr, il peut être nécessaire de passer des examens, en particulier des radiographies du poumon ou des épreuves fonctionnelles respiratoires.
La toux est parfois considérée, à tort, comme non liée à l’asthme. La toux typique d’un asthmatique est sèche, quinteuse, survenant au milieu de la nuit ou déclenchée par un effort physique. Mais elle peut prendre d’autres aspects, être grasse, se manifester dans la journée, sans facteur déclenchant apparent. Le fait d’ignorer la toux en tant que symptôme d’asthme conduit souvent au diagnostic de bronchite et à la prescription de sirops ou d’antibiotiques qui sont totalement inefficaces contre l’asthme. Plusieurs épisodes de toux ou une toux chronique, accompagnés ou non d’essoufflement ou de sifflement, doivent inciter à vérifier s’il pourrait s’agit d’asthme.
L’essoufflement est souvent associé aux sifflements et à la toux. Il peut également apparaître seul. Chez le nourrisson, les parents seront alertés par le creusement des espaces situés entre les cotes, par le battement des ailes du nez, par le creusement de la base du cou (sous la pomme d’Adam).
Certains enfants asthmatiques ont beaucoup de mal à ressentir l’obstruction de leurs bronches. Chez ces enfants, la mesure du débit expiratoire de pointe à l’aide d’un débitmètre de pointe, un petit appareil qui permet de mesurer son souffle, peut être utile pour détecter l’apparition d’une crise d’asthme : lorsqu’une crise d’asthme apparaît, le débit de pointe diminue.
Comment reconnaître une crise d’asthme grave ?
L’enfant et sa famille doivent savoir faire face à une crise d’asthme qui commence, la contrôler en restant à leur domicile et reconnaître précocement les signes d’une crise qui devra être traitée en milieu hospitalier.
Trois critères peuvent permettre d’évaluer la sévérité d’une crise :
- l’intensité de la gêne respiratoire,
- la réponse au traitement bronchodilatateur et
- le débit expiratoire de pointe (DEP) quand sa mesure est possible.
L’intensité de la gêne respiratoire est évaluée selon deux indicateurs : la possibilité de dire une phrase sans reprendre son souffle et la possibilité de faire des exercices physiques. Chez le nourrisson, un des seuls efforts physiques est l’allaitement. Un nourrisson qui peut prendre son biberon sans fatigue n’a pas de gêne respiratoire importante.
La réponse au traitement bronchodilatateur est évaluée en fonction de la gêne respiratoire et du chiffre de débit expiratoire de pointe lorsqu’il est mesurable. Une crise est sévère lorsque le bronchodilatateur ne permet pas d’améliorer la gêne respiratoire et/ou le débit expiratoire de pointe.
Crise légère ou modérée (tous les signes sont présents)
- Le DEP est supérieur à 50 % de la valeur théorique ou du maximum personnel et passe rapidement au-dessus de 80% après bronchodilatateur et :
- La toux, les sifflements ou la gêne respiratoire sont présents au cours de l’activité mais pas lors du repos. Le sommeil n’est pas ou peu perturbé. Les bronchodilatateurs soulagent bien.
Si plusieurs prises de bronchodilatateurs ont été nécessaires dans la journée, poursuivre 2 bouffées de sprays ou 1 dose de poudre 3 à 4 fois par jour, jusqu’à 4 jours après la disparition des signes respiratoires. - Si malgré la prise de bronchodilatateurs la gêne respiratoire ne se calme pas ou s’aggrave, il faut suivre les consignes de la crise sévère.
- En cas de doute, ne pas hésiter à faire appel à un médecin.
Crise sévère (1 seul signe suffit)
- Absence d’amélioration ou aggravation de la gêne respiratoire après la prise de bronchodilatateur.
- La gêne respiratoire est présente au repos.
- Impossibilité de faire une phrase complète sans reprendre sa respiration.
- Chez le nourrisson : impossibilité de prendre son biberon sans reprendre sa respiration.
- Le DEP est inférieur ou égal à 50 % de la valeur théorique ou du maximum personnel et ne passe pas très rapidement au-dessus de 80% après bronchodilatateur.
Faire immédiatement appel à un médecin. - En attendant son arrivée, répéter la prise de bronchodilatateur toutes les 5 à 10 minutes et prendre 2 milligrammes par kilo de poids de predniso(lo)ne (ou équivalent).
Crise très sévère (1 seul signe suffit)
- Le DEP est inférieur ou égal à 33 % de la valeur théorique ou du maximum personnel et ne passe pas très rapidement au-dessus de 80% après bronchodilatateur
- Les lèvres sont bleues
- Les idées s’embrouillent
- Transpiration au repos
- Épuisement, impossibilité de se lever
Faire immédiatement appel au SAMU (appeler le 15, 112 sur téléphone portable) - En attendant son arrivée répéter en permanence la prise de bronchodilatateur par voie respiratoire (il faut alors privilégier les sprays avec une chambre d’inhalation ou les nébulisations), si possible associer l’injection sous-cutanée de bronchodilatateur, et prendre 2 milligrammes par kilo de poids de predniso(lo)ne (ou équivalent).
Mesurer le débit exploratoire de pointe
Le DEP correspond au débit maximum obtenu lors d’une expiration forcée. C’est le moyen le plus simple pour mesurer le souffle. Lorsque les voies respiratoires sont le siège d’une obstruction le DEP diminue. Le débitmètre (peak-flow) est un appareil portable qui mesure le débit expiratoire de pointe (DEP).
Il constitue une aide importante pour dépister précocement une déstabilisation de l’asthme, vérifier le bon contrôle d’une crise après la prise de bronchodilatateurs inhalés ou évaluer objectivement la gravité d’une crise. Le débitmètre n’est toutefois utilisable que chez les enfants capables de réaliser une expiration forcée, c’est à dire à partir de 5-7 ans.
Comment se servir du débitmètre de pointe ?
Pour exploiter la mesure du débit de pointe, la technique de réalisation doit être parfaite.
- s’assurer que le curseur est à 0
- se mettre debout
- prendre une inspiration aussi profonde que possible
- mettre l’embout entre les lèvres de façon totalement étanche (auparavant, enlever si besoin son appareil dentaire)
- expirer aussi rapidement et fort que possible (une expiration longue n’est pas nécessaire, 1 à 2 secondes suffisent)
- noter la mesure
- faire 3 mesures
Garder la meilleure des 3 mesures. Un enfant asthmatique peut voir son DEP diminuer à force de réaliser des manœuvres forcées.
S’assurer que l’enfant ne tousse pas ou n’utilise pas sa langue (méthode sarbacane), que l’orifice de débitmètre n’est pas obstrué par une main, que la course du curseur n’est pas gênée par un doigt.
Le chiffre obtenu peut être utilisé en valeur absolue (le chiffre indiqué par le curseur) ou être comparé à une valeur de référence. Deux valeurs de référence peuvent être utilisées. La première est théorique : elle est donnée par des tables et dépend de la taille de l’enfant.
Votre médecin vous donnera le chiffre théorique du débit de pointe qui correspond à votre enfant.
La deuxième valeur de référence est celle de l’enfant lui-même. C’est la meilleure valeur obtenue par l’enfant dans le mois.
Pour pouvoir comparer la valeur mesurée à celle de référence il faut faire un petit calcul : valeur mesurée/valeur de référence. Puis on multiplie le chiffre obtenu par 100 pour avoir un pourcentage.
Par exemple un enfant mesure 1m30. Sa valeur de DEP de référence est de 260. La mesure du débit de pointe qu’il obtient est de 200. Il est donc à 200/260 = 0,77 x 100 soit 77% de sa valeur de référence.
Quand se servir du débitmètre de pointe ?
Avoir un débitmètre à la maison ne signifie pas que le débit de pointe doit être réalisé tous les jours. Mais la mesure du débit de pointe, quand elle est possible, occupe une place essentielle dans l’appréciation de la sévérité des crises et dans l’évaluation de l’efficacité des bronchodilatateurs.
Au moment des crises d’asthme pour apprécier objectivement la sévérité de la crise.
Définir des zones vertes , oranges et rouges permet à l’enfant et à ses parents d’avoir des repères relativement simples pour adapter le traitement à la sévérité de la crise et savoir quand avoir recours aux services d’urgences.
Au moment des crises d’asthme pour vérifier l’efficacité du traitement. Une montée franche et stable du DEP permet de s’assurer de l’efficacité du traitement administré.
Chez certains enfants qui ont des difficultés à percevoir leur obstruction bronchique, la mesure du DEP peut être utile pour détecter les crises dès leur commencement afin de traiter les crises de façon la plus précoce possible et donc avec le plus de chance de succès.
Pour détecter les facteurs déclenchants : la mesure du DEP peut aider l’enfant et sa famille à détecter ses facteurs déclenchants, en particulier les infections virales, le sport, les allergies, les irritants.