L’asthme du nourrisson et du jeune enfant est une affection de plus en plus fréquente. Cette augmentation n’est pas seulement liée à un meilleur diagnostic mais également et ses raisons sont multiples et incomplètement élucidées. Sont en cause : des modifications de l’environnement (confinement, hygrométrie favorisant la multiplication des acariens), des modifications des comportements (augmentation des animaux de compagnie, du tabagisme) et des modifications des habitudes alimentaires…
La définition de l’asthme du nourrisson
On considère comme un asthme « tout épisode de gêne respiratoire avec sifflement, qui se reproduit au moins 3 fois avant l’âge de 2 ans et cela quelques soient l’âge de début, l’existence ou non d’atopie et la cause apparemment déclenchante ».
Les exacerbations
L’aspect le plus habituel de la crise d’asthme du nourrisson est réalisé par la bronchiolite aiguë virale. La séquence des épisodes est assez stéréotypée :
la crise est précédée par une infection ORL banale avec un rhume
puis, en 2 à 3 jours, apparaissent une toux plutôt sèche, répétitive, volontiers quinteuse, et bientôt un sifflement expiratoire audible à distance.
Les signes respiratoires associent alors une respiratoire rapide, un battement des ailes du nez, un tirage intercostal et sus-sternal dont l’importance reflète la gravité et la tolérance de la détresse respiratoire.
Après une période de quelques jours avec persistance des symptômes, l’évolution se fait habituellement vers la guérison.
Le sifflement persistant
Certains nourrissons, à la suite d’une bronchiolite, conservent, parfois pendant plusieurs semaines, des sifflements respiratoires. L’intensité de ces manifestations fluctue avec les infections ORL et l’activité de l’enfant. Ainsi, elles augmentent à l’excitation, à l’effort, et diminuent pendant le sommeil. Malgré un tirage intercostal qui peut être impressionnant, ces nourrissons gardent une activité physique, un appétit et un développement en taille et en poids normal.
Les crises modérées
Elles sont caractérisées par une gêne respiratoire et des sifflements ou une toux spasmodique avec quelques sifflements en fin de crise de toux. Ces manifestations ont la particularité de survenir en dehors de tout contexte d’infection virale mais plutôt volontiers lors de changements de conditions climatiques, la nuit, au rire, à l’excitation, aux jeux, etc…
Les crises graves
Elles peuvent conduire à une insuffisance respiratoire aiguë grave.
Les examens complémentaires
Ils peuvent se réduire à une radiographie du thorax en inspiration et expiration forcées.
Dès lors que les manifestations sont fréquentes et/ou graves, dès qu’il existe des radiographies du thorax anormales, les explorations sont complétées par d’autres examens plus spécialisés.
Les deux types d’asthme du nourrisson
L’asthme du nourrisson est un syndrome hétérogène qui comporte :
Des nourrissons dont les manifestations resteront transitoires et disparaîtront vers 3 ans : 60% des asthmes du nourrisson
Ces enfants n’ont pas de terrain atopique prédisposé.
Leurs crises sont favorisées par l’action des virus respiratoires sur une étroitesse excessive des bronches et/ou un tabagisme passif.
Des nourrissons asthmatiques : 40 % de asthmes du nourrisson
C’est la présence d’un terrain atopique (eczéma et/ou sensibilisation allergénique chez l’enfant, existence d’un asthme, d’un eczéma, d’une rhinite allergique chez l’un des parents ou dans la fratrie) qui permet au mieux de prédire le caractère persistant de l’asthme. Environ 50% des enfants qui auront de l’asthme ont au moins un parent atopique.
Les crises sont également déclenchées par les virus respiratoires et/ou un tabagisme passif.
Traitement de l’asthme du nourrisson
Modalité d’administration du traitement
Parmi les systèmes d’inhalations, deux sont utilisables chez le nourrisson : les chambres d’inhalations munies d’un masque facial et les nébuliseurs.
En pratique les chambres d’inhalation sont utilisées pour les manifestations modérées alors que les nébulisations sont réservées au traitement des épisodes aigus graves (par les bronchodilatateurs) et au traitement de fond des asthmes sévères (par la fréquence et la gravité des épisodes)
Traitement des épisodes aigus
Le traitement des épisodes aigus fait appel aux mêmes médicaments (bronchodilatateurs inhalés et corticoïdes oraux) que chez l’enfant plus grand, mais leur efficacité y est moins constante. Les corticoïdes oraux sont plus facilement prescrits que chez l’enfant plus grand, par cure de 5 à 10 jours.
Traitement de fond
Quelle que soit la sévérité de l’asthme il est indispensable que le nourrisson ne soit soumis à aucun tabagisme. Si un des parents (ou la nourrice) fume, il devra fumer exclusivement à l’extérieur du domicile (et de la voiture) même lorsque l’enfant ne s’y trouve pas.
En fonction du degré de sévérité de l’asthme de l’enfant un corticoïde inhalé sera prescrit. L’efficacité des corticoïdes inhalés est maintenant démontrée dans le traitement de fond dès lors que les manifestations deviennent trop fréquentes et les méfaits certains d’une insuffisance thérapeutique excèdent largement les inconvénients potentiels.
La majorité des asthmes de l’adulte a ses racines pendant les premières années de la vie. La précocité de la prise en charge est probablement une des clés de l’avenir fonctionnel.